L’European Tobacco Harm Reduction Advocates (ETHRA), composé de 21 associations de 16 pays européens, lance un Manifeste en faveur des droits des utilisateurs à la réduction des risques du tabagisme.

Face aux menaces réglementaires et aux campagnes de dénigrement, telles que celle de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ces derniers jours, il est temps que les millions d’utilisateurs européens de produits nicotinés à risques réduits soient reconnus. L’ETHRA lance aujourd’hui un Manifeste[1] pour défendre les droits des personnes qui consomment la nicotine sous des formes bien plus sûres que de fumer et pour préserver la liberté des nombreux fumeurs qui voudront arrêter de fumer en choisissant ces produits à l’avenir[2].

L’ETHRA défend les droits des consommateurs de produits nicotinés à risques réduits en Europe. Le regroupement, qui compte 21 associations membres, a été créé pour échanger, s’organiser et informer sur les avantages de l’approche de réduction des risques face au tabagisme. L’AIDUCE, SOVAPE et JE DÉFUME ! sont les trois associations françaises membres de l’ETHRA.

Plus de 27 millions d’Européens utilisent la réduction des risques

Le vapotage (cigarettes-électroniques) et le SNUS, des produits nicotinés alternatifs au tabac fumé ont permis à plus de 27 millions d’Européens de sortir du tabagisme[3]. Malgré ce phénomène, l’accès à ces produits est menacé ou interdit dans de nombreux pays européens. Les politiques de réduction des risques, qu’entend défendre l’ETHRA, doivent être basées sur des données scientifiques et viser à atténuer les conséquences négatives physiques et sociales.

Les 21 partenaires de l’ETHRA — représentant des millions de consommateurs dans 16 pays — invitent l’Union européenne (UE), l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et les gouvernements à prendre en considération six principes fondamentaux pour élaborer les réglementations et politiques de santé.

Six principes

  1. L’accès à la réduction des risques, y compris du tabagisme, doit être reconnu comme un droit humain.
  2. Les consommateurs d’alternatives plus sûres au tabac fumé doivent être reconnus comme des parties prenantes essentielles des politiques les concernant.
  3. La règlementation des alternatives au tabac fumé doit refléter les niveaux de réduction des risques.
  4. Les autorités doivent reconnaître qu’un vaste choix de produits et de saveurs est clé dans l’efficacité pour arrêter de fumer.
  5. Le législateur doit aussi considérer les dommages collatéraux causés aux adultes dans l’évaluation des mesures de protection de la jeunesse.
  6. La politique de taxation doit favoriser la transition des fumeurs vers des alternatives plus sûres.

La révision de la directive européenne en route

Paradoxalement, la réduction des risques face au tabagisme est confrontée à des temps difficiles en Europe. Alors que des millions de personnes ont trouvé dans les produits à risques réduits[4] une alternative à la cigarette, la révision de la directive européenne sur les produits du tabac (TPD) pourrait introduire de nouvelles restrictions. Des propositions pour interdire les arômes, limiter l’information sur ces produits et surtaxer le vapotage circulent à Bruxelles.

De leur côté, les défenseurs de la réduction des risques veulent des ajustements de bons sens, notamment augmenter la limite des contenants (10 mL actuellement) afin de réduire l’empreinte écologique, et réviser la limite maximale de concentration en nicotine (20 mg/mL) pour faciliter l’arrêt de la cigarette de tabac.

Le SNUS, tabac oral suédois à très bas taux de nitrosamines[5], est toujours interdit dans l’Union européenne, à l’exception de la Suède. Il a pourtant permis aux Suédois d’être moins de 5 % à fumer[6], et d’enregistrer les taux de cancers et de maladies cardio-vasculaires liés au tabagisme les plus bas en Europe[7].

L’OMS sombre dans l’obscurantisme

De son côté, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) organisera la 9e conférence des parties anti-tabac (COP 9) aux Pays-Bas l’an prochain. Ces derniers jours, une campagne de dénigrement du vapotage fait craindre le pire. Des études sérieuses montrent que le tabagisme adolescent a dégringolé dans les pays où le vapotage est courant, notamment au Royaume-Uni[8] et en France[9], une chute incompatible avec un « effet passerelle »[10] vers le tabagisme. Il semble au contraire que le vapotage détourne une partie des adolescents du tabac fumé[11].

Contrairement aux affirmations de la campagne de l’OMS, la réduction des méfaits pour les fumeurs qui se sont tournés vers le vapotage est démontrée scientifiquement[12].

Enfin, le vapotage n’a pas été créé par l’industrie du tabac. Les utilisateurs ont largement contribué à son développement depuis 15 ans et pour certains ont même créé l’industrie indépendante de la vape.

A travers cette campagne, l’OMS trompe le public en niant les preuves scientifiques.

Nous demandons instamment aux pays européens membres de la Convention-cadre pour la lutte anti-tabac (CCLAT) de dénoncer cette campagne de désinformation, qui outrepasse le mandat défini par la Convention. Les vies de millions de consommateurs de nicotine sont en jeu.

Citations de membres de l’ETHRA :

« Les régulateurs devraient être conscients de l’effet extrêmement bénéfique des produits à risque réduit à base de nicotine pour attirer les fumeurs loin du tabac fumé » a déclaré Rob de Lange de l’ACVODA, association néerlandaise de consommateurs et partenaire de l’ETHRA. « Les taux de tabagisme dans les pays qui réglementent judicieusement les produits alternatifs à base de nicotine se sont effondrés. Pourtant les consommateurs luttent constamment contre des organisations de santé publique qui semblent favoriser une approche de précaution mal informée qui ne peut que perpétuer le tabagisme et protéger le système de délivrance de nicotine le plus nocif de tous, la cigarette ».

Peter Stigaard, de l’association danoise de consommateurs DADAFO, déclare : « La réduction des risques liés au tabac a connu un succès sans précédent dans les États européens éclairés, mais l’UE et l’OMS semblent désireuses de revenir en arrière et d’imposer des restrictions sévères et mal conçues sur des produits qui sauvent des vies ».

Claude Bamberger, de l’AIDUCE : « De 2010 à 2018, le tabagisme en France a diminué de 1,3 millions de fumeurs quotidiens. Les vapoteurs et ex-vapoteurs étaient au moins 1,4 millions. Qu’une seule forme de réduction des risques, malgré les contraintes et le manque de promotion, soit associée à la totalité de la baisse du tabagisme est une véritable révolution. »

Nathalie Dunand, de SOVAPE « Le vapotage a lancé une dynamique d’entraide entre usagers pour arrêter de fumer, cette adhésion au principe de réduction des risques et la solidarité entre utilisateurs ont participé à un recul du tabagisme sans précédent en France. Les politiques anti-tabac se devraient de chérir et encourager cette innovation. »

 

RÉFÉRENCES :

[1] Communiqué de l’ETHRA

[2] Manifeste traduit des associations partenaires de l’ETHRA

[3] Estimation du cabinet ECigIntelligence/TobaccoIntelligence. Ce chiffre est possiblement plus élevé, car les données sur le snus proviennent d’une recherche (Leon et al 2016) utilisant des données de 2010 sur seulement 17 pays.

[4] Electronic cigarette use in the European Union: analysis of a representative sample of 27 460 Europeans from 28 countries. Farsalinos K, Poulas K, Voudris V, Le Houezec J – Addiction. 2016 Jun 24. doi: 10.1111/add.13506.

[5] US FDA approval of snus as risk reduced product https://www.fda.gov/tobacco-products/advertising-and-promotion/fda-authorizes-modified-risk-tobacco-products

[6] Selon l’Eurobaromètre 458 en 2017. https://ec.europa.eu/commfrontoffice/publicopinion/index.cfm/ResultDoc/download/DocumentKy/79002

[7] Snus: a compelling harm reduction alternative to cigarettes. E. Clarke et al., Harm Reduction Journal 2019. https://harmreductionjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12954-019-0335-1

[8] UK – Young People’s Use of E-Cigarettes across the United Kingdom: Findings from Five Surveys 2015–2017. L. Bauld et al., Environmental Research and Public Health vol 14, n° 9, https://doi.org/10.3390/ijerph14090973

[9] Does e-cigarette experimentation increase transition to daily smoking among young ever-smokers in France? S. Chyderiotis et al., Drug and Alcohol Dependence vol. 208, march 2020. https://doi.org/10.1016/j.drugalcdep.2020.107853

[10] Examining the relationship of vaping to smoking initiation among US youth and young adults: a reality check. D. Levy et al., Tobacco Control 2018. doi:10.1136/tobaccocontrol-2018-054446

[11] Electronic cigarettes, nicotine use trends and use initiation ages among US adolescents from 1999 to 2018. Floe Foxon, Arielle Selya, Addiction april 2020. https://doi.org/10.1111/add.15099

[12] Notamment :