L’Académie nationale des sciences américaine (NASEM) publiait fin janvier une étude préliminaire soutenant que la vape favoriserait certains risques de cancer.
Dans cette étude, dix souris ont été exposées pendant douze semaines à un régime de vapotage nicotiné estimé être l’équivalent de dix années de vapotage humain. Chez ces souris, les chercheurs ont trouvé un ADN endommagé dans des cellules des poumons, de la vessie et du cœur et un niveau réduit des protéines réparatrices par rapport à un groupe témoin de dix souris exposées à de l’air filtré.
Biais méthodologiques
Cependant, selon nombre d’experts de la communauté scientifique, ni les conditions de réalisation ni les résultats de l’étude ne permettent de conclure à un risque accru de cancer pour l’homme.
- les souris FVB/N utilisées par les chercheurs développent spontanément des tumeurs pulmonaires, or l’âge des souris n’est pas rapporté,
- l’absence de contrôle pendant le vapotage et les données disponibles laissent craindre la production d’aldéhydes par surchauffe de l’appareillage ou par manque de liquide, question clef car formaldéhyde et acétaldéhyde peuvent se former dans ces conditions,
- souris et cellules ont été soumises à des doses extrêmes de nicotine, des niveaux toxiques voire létaux,
- les mesures extrêmement élevées de nitrosamine ketones (NNK) sont à l’opposé de mesure réalisées dans le cadre d’études antérieures.
AVIS D’EXPERT : Dr. Éric BLOUIN
Méthodologie malhonnête, conclusion impossible
Un extrait de l’analyse de cette étude que le Dr Eric Blouin, expert toxicologue Eurotox, a livré au Vaping Post :
Les doses de nicotine et nitrosamine ketone utilisées sont trop élevées, toxiques et non conformes avec la réalité de l’utilisation et de l’exposition à la vapeur d’e-cigarette (…) Le modèle animal utilisé n’est pas pertinent, il développe spontanément des tumeurs. De plus, les animaux ont potentiellement été exposés à des doses toxiques de formaldéhyde, là aussi, non conformes avec la réalité de l’utilisation et de l’exposition à la vapeur d’e-cigarette.
Il n’est donc pas possible de conclure sur la base de ces résultats à un risque éventuel pour l’homme lors de l’exposition aux vapeurs d’e-cigarette.
RÉFÉRENCES :
- Proceedings of the National Academy of Sciences Jan 2018 : E-cig damages DNA in lung, heart, and bladder de Hyun-Wook Lee et al. DOI:10.1073/pnas.1718185115
- Analyse du toxicologue Dr Eric Blouin sur le Vaping Post : Vape et cancer, pourquoi la dernière étude sur les souris est biaisée
Autres sources :
- Pr Peter Hajek et Dr Ed Stephens sur le Science Media Center
- Réactions du Pr Bertrand. Dautzenberg et Jacques Le Houezec dans Paris-Match : La e-cigarette plus nocive qu’il n’y parait, la fake news qui peut tuer
- Article en italien sur le site de la RAI, avec les réactions des Prs Fabio Beatrice et Riccardo Polosa
- En allemand sur le Berliner Morgenpost, avec le commentaire de la Dr Ute Mons du DKFZ
- Communiqué de la FIVAPE : E-cigarette : Pourquoi installer systématiquement le doute ?
- Communiqué commun de l’AIDUCE et de SOVAPE, Lettre à la direction de l’AFP